Quantcast
Channel: Le blog de skepsis
Viewing all articles
Browse latest Browse all 54

petite confession

$
0
0

J’aimerais faire de la philosophie. Non pas établir un système qui permettrait d’embrasser le réel. Non pas atteindre un savoir qui me permettrait de vivre enfin sereinement, donc heureux. Ni science absolue; ni sagesse en action. Simplement, non pas même oser penser ou réfléchir par soi-même, mais tenter de regarder en face l’existence. Si j’avais besoin de certitude, je me tournerais vers la religion ou vers quelque parti politique et si l’on me pose des questions qui réclament une réponse sinon définitive, du moins assez solidement établie, c’est selon la religion de mes parents ou selon mes opinions politiques que je prendrais position. Mais l’inanité de ces réponses me sautent immédiatement aux yeux et derrière chaque affirmation s’esquissera un « je n’en sais en définitive rien ». Et c’est là en réalité la difficulté : comment vivre, non pas dans l’incertitude puisque je peux trouver des réponses - et la philosophie en fournit de nombreuses, mais dans la pleine conscience qu’aucune réponse n’est suffisamment satisfaisante. Nous avons perdu l’absolu et par conséquent la pensée n’a plus de boussole. Et pourtant je voudrais penser, j’ai besoin de penser devrais-je dire. Pourtant je doute que cette pensée atteigne un résultat et peut-être n’y a-t-il rien à penser. La philosophie est un beau risque a-t-on pu dire : elle est le risque de se trouver confronté au néant. C’est pourquoi nous pensons que l’émerveillement ne constitue pas le début de la philosophie, mais c’est bien plutôt du découragement qu’elle surgit. J’aimerais faire de la philosophie, c’est-à-dire dépasser ce découragement qui m’accable.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 54

Trending Articles